Carmen n’aimait pas les fêtes. Toutes ces décorations partout, toutes ces manières, ce culte des apparences. Fêter Halloween était déjà autre chose pour elle, et il y a quelques mois, elle avait presque prit goût à décorer le camp pour les jeunes. Mais cette fois-ci, pour Noël, c’était différent. Tout ce rouge, ce blanc, ces couleurs spéciales Noël lui donnait presque la nausée. Peut-être était-ce parce qu’elle n’avait jamais vraiment eu l’occasion de passer un Noël en famille. Après tout, cette fête était bien sensée représenter un bon moment en famille, non ? Toujours était-il que Carmen s’était on ne peut plus forcer toute la journée à décorer la salle et à organiser tout avec les autres membres du camp professoral. Mais, cette fausse neige qu’ils avaient du installer, c’était trop pour elle, la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. De la neige en Afrique ! Sincèrement, c’était… Arf ! Il n’y avait même pas de mot. Mais le pire, en ce qui concernait cette soirée, c’était la tenue sur son trente et un exigée. Cela avait le don d’horripiler Carmen. Déjà qu’elle n’avait, au début, pas eu l’intention d’y aller, mais que la directrice l’en avait quelque peu forcée… C’était pour montrer le bon exemple, comme elle disait. La jeune femme préférait porter des vêtements confortables et pratiques, si besoin était. Les robes, les coiffures sophistiquées, et tout le tralala ce n’était vraiment pas sa tasse de thé. Sans oublier le fait que qui dit Noël dit cadeau… Non, cette fête n’était décidément pas faite pour Carmen, loin de là.

Malgré tout, elle devait y aller par obligation… S’y prêtant au jeu tant bien que mal, Carmen avait trouvé une robe descente dans sa garde robe, ce qui avait d’ailleurs été une tâche bien plus compliquée qu’il n’y paraissait. Avec l’aide de quelques unes de ses amies éducatrices, elle avait réussi à se mettre sur son trente et un, et en se regardant dans le miroir, quelque peu inquiète au début, elle s’était finalement trouvée jolie. Oui, elle était belle à regarder, mais qu’à cela ne tienne, il faudrait que tout le monde en profite, car personne n’aurait prochainement l’occasion de la revoir vêtue et coiffée de la sorte. Aucune chance, non !

C’est avec une certaine nausée que la jeune femme se dirigea vers le Hall, lieu de réception de la fête. En entrant dans la pièce et en revoyant toutes ces décorations, la jeune femme n’eut qu’une seule et unique envie : prendre ses jambes à son coup et s’en aller, le plus vite possible. Mais trop tard, Boyd l’avait déjà repéré de loin, et lui faisait un clin d’œil sous-entendant qu’elle avait fait un effort et que ce n’était pas si sorcier que cela, ou qu’elle était plutôt pas mal, ou elle-même ne savait quoi. Toujours aussi mal à l’aise, la jeune éducatrice se demanda ce qu’elle pourrait bien faire de sa soirée, et cherchait d’autres éducateurs du regard, histoire de ne pas rester seule et de se divertir un petit peu. Trouver un ado ferrait aussi l’affaire, histoire de jouer la sadique, et de ne pas trop s’ennuyer. C’est alors qu’elle vit Felicity, la jeune blonde qui sortait avec Hunter, le sale gosse du camp, avant qu’il ne change – en un temps record d’ailleurs – et qu’il ne rentre chez lui. Elle voulut se diriger vers elle pour aller la charrier un peu à ce propos, mais elle jugea que le moment n’était pas propice. Après tout, elle détestait peut-être cette fête, mais, ce n’était pas forcément le cas de tout le monde… La jeune femme resta donc immobile, comme ça, à attendre que quelqu’un vienne, ou pas… Au pire, se disait-elle, elle n’aurait qu’à partir un peu plus tôt. Elle avait fait acte de présence, Boyd en était témoin.