Carmen naquit un certain 29 septembre de l’année 1978 à Barcelone. Ses parents, Dolores et Ràmon, se sont rencontrés en Espagne, là où la petite fille vit le jour. Comme toute idylle, le début de leur relation fut un véritable bonheur, un paradis sur terre. Tout était beau, tout était rose. Mais comme nous le savons tous, les contes de fées n’existe pas, et les choses ne tarderont pas à se transformer en cauchemar. Carmen est une enfant en bonne santé, et ses premières années de vie se passent normalement, dans la plus grande sérénité. Quelques années plus tard, lorsque la petite Carmen à 4 ans, naquirent Esteban et Soraya, les faux jumeaux. Carmen était aux anges. Elle adorait son frère et sa sœur, et ne cessait de vouloir s’en occuper, aidant ainsi sa mère dès qu’elle le pouvait. Sa mère était à présent femme au foyer et désirait s’occuper de ses enfants pleinement, tandis que Ràmon, lui, était garagiste. Ils ne gagnaient pas très bien leur vie, mais cela leur suffisait, à peine, mais c’était l’essentiel. Ils n’étaient pas riche, mais plutôt pauvre en fin de compte, n’arrivant pas, certains mois, joindre les deux bouts, mais ils se débrouillaient, et lorsqu’il le fallait, Dolores allait travailler par-ci par-là pour subvenir aux besoins de la famille, même si Ràmon ne supportait pas cette idée, étant l’homme de la famille.

Carmen était âgée de dix ans, Esteban et Soraya, eux n’avaient que six ans, lorsque le drame est arrivé. Ràmon se faisait de plus en plus violent, et bien sûr, à l’époque, Carmen était trop petite pour comprendre que c’était à cause de l’alcool. En effet, le père de famille sortait régulièrement avec ses collègues de travail, après le boulot, pour aller boire un pot. Seulement, il ne buvait pas qu’un seul verre, loin de là. Il rentrait donc totalement saoul, et ne se contrôlait plus. Si bien qu’un rien l’énervait. Tout commença à cause d’un jouet qui trainait par terre. Carmen avait oublié de le ranger, et son père glissa dessus, et s’étala comme une masse, de tout son long, sur le sol, hurlant à la mort. Lorsqu’il parvint à se relever, Carmen le regardait l’air désolée, et bredouillait qu’elle l’avait simplement oublié là, mais qu’elle ferrait attention. Son père, saoul et énervé, commença à la frapper, avec une telle intensité… Un coup. Puis un autre. Et encore un. Dolores, avertie par le bruit et les pleurs, descendit – se trouvant donc à l’étage auparavant, en train de s’occuper des deux autres. Affolée, elle essaya d’empêcher son mari de continuer à frapper Carmen, mais elle n’y parvint pas vraiment, et Ràmon la frappa elle aussi, une seule fois. Effarée, Dolores ne reconnaissait plus son mari, ce qui lui faisait peur. Elle attrapa Carmen par la main, et s’empressa de monter les escaliers pour être à l’abri en haut. Le père de famille les avait suivit, fou de rage qu’elles prennent toutes les deux la fuite. « Ca ne va pas se passer comme ça ! » qu’il hurlait sans arrêt. Enfermée dans une chambre avec ses trois enfants, Dolores pleurait à chaude larme, ne reconnaissant plus l’homme si respectueux d’autre fois. Aujourd’hui, il était devenu un monstre. Ràmon tambourina à la porte, mais personne ne le laissa entrer. Encore plus en colère, il se mit à défoncer la porte, sous les yeux effarés de ses enfants et de sa femme. Puis, il attrapa celle-ci par le bras, et la frappa, tantôt dans les côtés, tantôt au visage. Il l’envoya même valser à l’autre bout de la pièce avant de s’en prendre à Carmen, sous les yeux des faux jumeaux, encore bien trop petits pour comprendre, mais pleurant les larmes de tout leur corps. Ràmon se calma enfin, laissant Carmen et Dolores dans un état on ne peut plus déplorable. Le lendemain, même histoire, et ainsi de suite pendant quelques mois. Jusqu’à ce que le pire arrive… Carmen et Dolores étaient dans un état atroce. Des côtes cassées, des bleus, des fractures… Et j’en passe ! Mais ce soir-là… Ràmon alla trop loin… Dolores fut décédée à 3 heures vingt-trois du matin. C’était fini. Carmen essaya d’appeler la police, mais son père l’en empêcha, en la battant à son tour. C’est pendant la nuit, lorsque son ivrogne de père fut endormi, qu’elle appela la police. Tout se passa très vite, et en moins de deux, Ràmon fut arrêté pour meurtre, et les enfants iraient dans l’orphelinat le plus proche.

C’est à l’âge de dix ans que Soraya et Esteban furent adoptés, ensembles. Mais Carmen n’intéressait pas le couple. De toute façon, ils ne pouvaient pas se permettre d’adopter un troisième enfant… C’était juste inimaginable. Ils ne s’en sortiraient pas, même si Carmen était âgée de quatorze ans et savait se débrouillée un minimum. « Non non ! Elle va faire sa crise d’adolescence dans pas longtemps, ça serra trop difficile pour nous » disait le couple. Malgré les protestations des faux jumeaux, ne voulant pas être séparés de leur sœur ainée, le couple ne céda pas. Ils partirent donc tout deux vivre avec ces gens, les Cortez, ou quelque chose comme ça. Carmen se sentait seule. Elle savait qu’en les adoptants, ils ne tarderaient pas à porter leur nom de famille, oubliant ainsi leurs racines, et leur sœur. Elle l’avait senti, et c’était ce qui s’était passé. Carmen ne fut jamais adoptée, mais à dix huit ans, elle commença à faire sa vie, seule. Elle sortit de l’orphelinat, étant officiellement en âge de se débrouiller toute seule, et fit ce qu’elle pouvait. Elle trouva un petit appartement, avec le peu d’argent qu’elle avait sur son compte. Rien de bien luxueux mais juste ce qu’il fallait. Elle enchainait les petits jobs. Femme de ménagère. Vendeuse. Serveuse, et j’en passe. Puis, elle décida, cette même année, de changer son nom. Elle aurait voulu s’appeler Dolores Carmen Soares, mais elle estimait que ce n’était pas juste. Sa mère adorait le prénom Carmen. Alors elle décida de prendre Dolores en second prénom. Le sien. Ainsi, elle serrait toujours avec elle, même si elle ne l’avait jamais vraiment quitté. Les souvenirs de cette nuit ne la laissèrent jamais tranquille… Mais il fallait vivre avec. C’est grâce à eux qu’elle était devenu une femme forte, avec un caractère bien trempé, et qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds, évitant le plus les hommes. Bien sûr, à l’orphelinat, elle avait eu des petits amis, rien de bien sérieux ; cela dit. Juste pour passer le temps en fait. Elle se souviendrait sans doute toute sa vie de ce crétin de Juanito, avec qui elle avait fait l’amour pour la première fois, désespérée. Juan était un être insupportable. Il ne cessait jamais de parler, de lui. Carmen ne pouvait pas le voir en peinture, mais elle avait décidé de sauter le pas avec lui, car elle lui plaisait, et qu’elle n’avait plus envie de rester vierge à ses dix sept ans, étant la risée des filles de son âge de l’orphelinat.

C’est à l’âge de vingt cinq ans qu’elle décide de changer de vie, du tout au tout. L’Espagne lui tape sur les nerfs. Elle ne supporte plus de savoir que quelque part dans ce pays – ou non d’ailleurs – se trouvent son frère et sa sœur. Elle a bien essayé de les retrouver, reprenant contact avec l’orphelinat, mais le personnel n’a jamais rien voulu lui dire à leur propos. Dès qu’elle sortait dans la rue, elle regardait partout, à droite, à gauche, dans l’espoir de les voir, pas hasard. Mais ce ne fut jamais le cas. C’est un soir, alors qu’elle regardait une émission de télé banale, qu’elle trouva le lieu parfait. L’Afrique ! Ça sortait du commun, et elle pourrait tout reprendre à zéro. Là-bas, les coutumes étaient différentes, elle pourrait donc espérer mener une vie meilleure, ou aider les autres, bien qu’elle ne voyait pas trop comment. Le lendemain, ses bagages étaient prêts. Elle avait passé une nuit blanche à s’occuper de tout. Quelques heures plus tard, là voilà dans l’avion en direction d’un petit village de côte d’Ivoire, du nom de Waka.

Une fois en Afrique, elle ne tarda bizarrement pas à se sentir comme chez elle. Ce pays était fait pour elle. Ce train de vie était parfait, tout simplement. Ce petit côté aventurier lui avait toujours plu. Puis, le côté safari/découverte aussi. Sa passion ? La lecture. Oui, depuis son enfance elle avait eu l’habitude de lire. Tout et n’importe quoi d’ailleurs. Même les contenus des petits gâteaux que sa mère achetait, ou ceux des céréales. La jeune femme se décida à ouvrir une librairie ici. Après tout, les Africains avaient aussi le droit de lire. Elle trouva d’abord un appartement, simple, pas très beau, mais juste ce qu’il fallait quoi. Puis un local pour sa librairie, y faisant elle-même les travaux nécessaires. Il ne fallait pas croire qu’en Afrique ils n’avaient rien, tout dépendait du village. En l’occurrence, Waka n’était pas un village riche, mais il était situé non loin d’une ville où l’on trouvait un peu de tout. Important des livres d’un peu partout dans le monde, et surtout des manuels scolaires pour que les enfants puissent avoir une éducation digne de ce nom, la jeune femme y dépensa presque toutes ses économies. Elle n’allait pas devenir riche ici, c’était sûr, mais ce n’était pas son but. Non, elle voulait mener une vie simple, banale, et ordinaire, se satisfaisant du peu qu’elle avait, sans penser à un surplus.

Lorsque le camp Waka Waka ouvrit, la jeune femme ne pu s’empêcher de rire au début. Quelle idée ! Il fallait vraiment s’accrocher et en vouloir pour travailler là. Cela dit, la directrice et fondatrice de ce projet vint la voir, par hasard, et lui demanda si elle ne voulait pas être volontaire pour le projet. Elle serrait payée bien sûr, pas un salaire d’avocat, mais de quoi vivre. Dubitative, Carmen prit son temps pour y réfléchir, pesant le pour et le contre. Elle avait déjà sa librairie à tenir… Elle aurait encore moins de temps libre. Elle pourrait leur apprendre le respect, et d’autres valeurs essentielles pour réussir. Ce n’était peut être pas plus mal que ça finalement. « Bon, ça marche. Mais de temps en temps seulement. Comme un job a mi-temps. Sinon rien ». Le visage de la directrice s’était alors émerveillé. Parfait ! Et voilà l’aventurière, solitaire, tête brulée, qui n’a pas sa langue dans sa poche, acceptant un poste d’éducatrice dans ce camp. Si Carmen n’était pas une femme active, je ne sais pas ce qu’elle était alors…



Dolores est le prénom de sa mère décédée, battue pas son père. Elle a rajouté ce prénom comme son deuxième prénom à sa majorité.

Elle a toujours rêvé d’être flic, mais en Afrique, ce n’est pas possible. Tout du moins, ce n’est pas comme ça qu’elle s’imaginait le métier de policière. Pas ici.

Elle adore lire, si bien qu’elle lisait tout ce qu’elle pouvait trouver à lire. Les boites de gâteaux, les composant chimique d’un déodorant, et j’en passe.

Elle crut un jour reconnaitre Esteban dans la rue, mais ce fut une erreur. Le jeune homme et elle discutèrent un moment, amicalement. Finalement, ils finirent leur soirée dans un lit… Heureusement que ce n’était effectivement pas son frère !

Elle a un vrai caractère de cochon, si bien qu’elle a déjà fait fuir un homme, alors qu’ils étaient sur le point de coucher ensemble, en lui faisant une remarque désagréable. Celui-ci, totalement refroidit, s’enfuit, et Carmen ne put s’empêcher de rire aux larmes tellement elle trouvait la situation comique.

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