Dear Mom,


C’est la première fois que je t’écris depuis mon départ. Mais franchement, le simple fait de devoir “écrire” me hérisse un peu les poils, tu vois – la technologie c’est tellement moins casse-pied! Mais vu que mon géniteur à jugé bon de m’envoyer croupir dans un trou à rat, j’ai pas franchement le choix, n’est-ce pas?

Tu m’as expressément demandé de tout te raconter… alors je vais le faire. Ce ne sera pas bien long : ici, y’a du soleil et de la poussière en quantité. Dans mes fringues, dans mes godasses, dans mes cheveux, dans la bouffe… partout. Au moins j’ai pu faire la connaissance de quelques personnes assez sympa et, étrangement, j’ai croisé quelques visages connus. Comme quoi les parents sont presque tous des traîtres, vous n’êtes donc pas une exception.

Tu diras de ma part à ce qui me sert de père que sa bâtarde Noéma va bien (autant que possible vu sa situation). En ce qui me concerne, par contre, je n’ai pas franchement l’intention de lui faire le plaisir d’être le « gentil garçon » qu’il a toujours voulu voir en moi. Mais je suis magnanime ; je promets de faire un effort si vous raccourcissez mon « séjour ». Un vol pour demain serait parfait...

Avec toute ma rancœur,
Stefen.



PS : Tu trouveras une pellicule dans l'enveloppe. Ce sont des photos des alentours du camp. Comme tu le verras, c’est assez… rustique. Fais-là développer, mais gaffe à ce que les crétins qui s'en chargeront n'abiment rien! En temps normal je l'aurais fais moi-même, mais tu te doutes bien que pour l'instant... Enfin bref. J’espère que tu culpabilises à mort d’avoir laissé ton ex m’exiler loin de toute civilisation.